La formation professionnelle :
Un secteur économique en danger
Miroir aux alouettes de la formation professionnelle ?
Avec la création du CPF – Compte personnel de formation –, disparaissait le DIF (pour les salariés du secteur privé) – droit individuel à la formation-. Et c’en était donc fini, dans les entreprises privées, de l’ancien système mutualisant tous les moyens de la formation professionnelle, au profit de quelques-uns. Difficile de ne pas trouver l’idée séduisante quand il s’agit de rendre à Caesar (les salariés), ce qui lui appartient : le droit à la formation tout au long de la vie. "Grand seigneur", le législateur a même prévu d’étendre le nombre d’heures de formations cumulables par les salariés qui disposent ainsi d’un crédit de 150 heures après 8 ans d’activité, au lieu des 120 heures prévues par le DIF.
Si l’intention paraît louable, les limites de l’exercice sont très vite identifiables. Tout d’abord, le montant des prélèvements obligatoires liés à la formation professionnelle est désormais limité à 0,2% de la masse salariale. Comment donc financer davantage d’heures de formation avec moins d’argent ? La question est d’autant plus prégnante que le CPF est un dispositif extrêmement large qui s’adresse à la fois aux salariés et aux demandeurs d’emploi, et qui doit donc intéresser bien plus que les 15 millions de salariés du secteur privé.
L’effet papillon de la réforme de la formation professionnelle
Cette réforme présente des effets pervers à plus d’un titre.
Au regard du nombre d’heures de formation à financer, il eût été légitime de penser que l’économie de la formation professionnelle allait reprendre du souffle. Or, il n’en est rien. Nombre de centres de formation rencontrent des difficultés (pouvant aller jusqu’au dépôt de bilan).
En effet, ce sont désormais les branches professionnelles qui accréditent les formations proposées par les centres de formation. Ces centres doivent attendre le fameux sésame (accréditation CPF pour chacune de leurs formations) pour former d’avantage de personnes et donc bénéficier de financements. Autant dire qu’entre la baisse des revenus et la lenteur du système, nombre de centres de formation ayant pignon sur rue peinent à survivre à la réforme.
Cependant les entreprises continuent à développer leur propre plan de formation et y consacrent 0,1% de leur masse salariale. L’abandon de la mutualisation des moyens auprès des OPCA pour le plan de formation pénalise les PME dont le budget de formation est quasiment réduit à néant. En revanche cela profite aux grands groupes qui pourront continuer à former leurs salariés, en attendant que le CPF prenne toute sa place…
Difficile dans ce contexte d’imaginer le renouveau de la formation professionnelle à court terme, alors qu’elle n’a plus les moyens de ses ambitions.